Accueil Editions des œuvres de J.R.R. et Christopher Tolkien JRR TOLKIEN, Les monstres et les critiques

JRR TOLKIEN, Les monstres et les critiques

par Gelydrihan

Présentation et extraits

J.R.R. Tolkien, Les Monstres et les Critiques et autres essais,
traduction de Christine Laferrière
Paris, Christian Bourgois, 2006


Présentation de la traduction française

(mise à jour : 04/06/2006)

Le lecteur trouvera ici des extraits mis en ligne avec l’autorisation de Christian Bourgois Editeur : ils ne peuvent être reproduits sans l’accord de cette maison d’édition.

Vincent Ferré, juin 2006

Quatrième de couverture :

Fées, dragons et chevaliers ; runes, poèmes, langues inventées ; c’est l’essence même du Seigneur des Anneaux et du Silmarillion qu’il nous est donné de (re)découvrir dans ces sept essais et conférences, qui évoquent le conte de fées et la fantasy, les langues ou la littérature médiévale.

Dans ces textes, rédigés entre 1931 et 1959, se déploie le caractère profondément humaniste (et souvent méconnu) de J.R.R. Tolkien, tour à tour lecteur, traducteur, linguiste, enseignant, et surtout créateur.

Ce volume inclut une nouvelle traduction de l’essai Du Conte de fées.

Les présents textes sont des traductions originales : la traduction de l’essai Du Conte de fées est différente de celle de Francis Ledoux, publiée dans Faërie et autres textes [1974], éd. revue et augmentée, Paris, Christian Bourgois, 2003, 431 p.

Ces traductions ont été publiées sous la direction de Vincent Ferré.

Sommaire :

Avant propos

Beowulf : Les Monstres et les Critiques
Traduire Beowulf
Sire Gauvain et le Chevalier Vert
Du Conte de fées
L’anglais et le gallois
Un vice secret
Discours d’adieu à l’université d’Oxford

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Extraits :

« Le gallois (…) est encore une langue parlée, et il est peut-être bien vrai que ceux qui l’abordent comme étrangers, aussi bien disposés soient-ils, ne sauraient en atteindre profondément le cœur. Mais un homme devrait regarder par-dessus la haie de la ferme ou du jardin d’à côté – parcelle du pays que lui-même habite et cultive — même s’il ne se permet pas de donner des conseils : il y a beaucoup à apprendre en dehors des secrets intimes » (« L’anglais et le gallois », p. 205).

« C’est certainement la contemplation de la relation entre le son et la notion qui constitue la principale source de plaisir. (…). Il est certain que dans le cas des langues mortes, aucun érudit ne pourra jamais atteindre la position de celui qui la parlait, du point de vue purement notionnel de la langue qu’il étudie, ni posséder ou ressentir toutes les connotations sous-jacentes propres à un mot selon les périodes. Reste qu’en compensation, il perçoit les formes lexicales avec une grande fraîcheur. Ainsi, même vue de manière imprécise dans le un miroir déformant de notre ignorance des détails de la prononciation grecque, nous apprécions peut-être la splendeur d’Homère dans ses formes lexicales de façon plus intense ou plus consciente que ne l’appréciaient les Grecs, en dépit des nombreux éléments de poésie qui peuvent nous échapper. Il en va de même pour l’anglo-saxon. Cela est un des arguments réels en faveur de l’étude assidue des langues anciennes, mais qui n’est pas synonyme d’aveuglement — n’allons pas croire que nous éprouvons quelque chose qui n’était pas présent : à une certaine distance, nous sommes en position de mieux voir certains éléments et moins distinctement d’autres. » (« Un vice secret », p. 256-257).

« Tout comme ses ancêtres, un chrétien demeurait (et demeure) un mortel prisonnier d’un monde hostile. (…) Cependant, la vision de la guerre évolue : elle commence à se dissoudre, alors même que le combat sur les domaines du Temps prend ainsi son aspect le plus vaste. La tragédie de la grande défaite dans le Temps reste un moment intense, mais finit par cesser d’être importante : ce n’est pas une défaite, car la fin du monde fait partie des desseins de Metod, l’Arbitre qui réside au-dessus du monde mortel. Au-delà se profile une possibilité de victoire éternelle (ou de défaite éternelle), et c’est entre l’âme et ses adversaires qu’a lieu la vraie bataille. Ainsi, les vieux monstres sont devenus les images de l’esprit ou des esprits du Mal, ou plutôt les esprits du Mal se sont incarnés dans les monstres et ont adopté la forme apparente des corps hideux des ogres (þyrsas) et des démons (sigelhearwan) de l’imaginaire païen. » (« Beowulf : Les Monstres et les critiques », p. 35).

« La langue est le premier facteur de différenciation des peuples — non des “races”, quoi que puisse signifier ce terme fort mal employé dans l’histoire longtemps faite de mélanges de l’Europe occidentale.

(…) Je ne suis pas allemand, bien que mon nom de famille soit allemand (anglicisé, comme Cerdic). Mes autres noms sont hébreu, scandinave, grec et français. À part mon nom de famille, je n’ai hérité de rien qui ait à l’origine appartenu à sa langue ou à sa culture, et au bout de deux cent ans, le “sang” saxon et polonais est probablement un composante physique négligeable.

(…) Voilà tout ce que j’ai à dire pour l’heure sur la confusion entre langue (et nomenclature) et “race”, ainsi que sur l’usage romantique impropre des termes “celtique” et “teutonique” (ou “germanique”). Je me suis tout de même trop longtemps étendu sur ces points pour les limites étroites de mon sujet (…), mais je dois alléguer que même si les chiens que je pourchasse peuvent sembler mort à la plupart de ceux qui m’écoutent, ils sont encore bien vivants et aboient dans l’ensemble de ce pays. » (« L’anglais et le gallois », p. 208, 212, 215).

– extraits choisis par Jean-Philippe Qadri.

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