Accueil Actualités Communiqué relatif à la collection « Tolkien » (Christian Bourgois éditeur), V. Ferré 04/11/2024

Communiqué relatif à la collection « Tolkien » (Christian Bourgois éditeur), V. Ferré 04/11/2024

par Vincent Ferré

Vincent Ferré a découvert avec surprise le hors-série consacré à J.R.R. Tolkien (Voyage dans les mondes de Tolkien,« Géo / Edition collector », octobre 2024), dans lequel un large espace d’expression est donné à Martin Vagneur, « responsable éditorial chez Christian Bourgois Editeur ».

S’exprimant sur l’aventure éditoriale qui a entouré la publication de la majorité des titres en français chez Christian Bourgois éditeur, Martin Vagneur omet de préciser qu’il n’est salarié de la maison d’édition que depuis l’année 2023, qu’il n’a aucune connaissance personnelle de l’historique de cette maison et que 34 ouvrages publiés de 2002 à 2022 l’ont été sous la direction effective de Vincent Ferré.

Si Martin Vagneur omet de mentionner ce travail de vingt années, de manière systématique, tout au long de l’interview de dix pages, il commet en revanche de nombreuses confusions et erreurs :

  • Confusions sur les circonstances de la publication de Tolkien chez Bourgois (Géo, p. 128). Il lui suffirait pourtant de lire l’entretien entre Christian Bourgois et V. Ferré, paru en 2004… aux éditions Bourgois.
  • Cela lui permettrait d’apprendre que Le Seigneur des Anneaux a été publié en 1972-1973 en France et en 1954-1955 pour la version originale anglaise… et que les cartes publiées n’ont pas été dessinées par J.R.R. Tolkien (p. 133) mais par Christopher Tolkien. Il existe des cartes de travail, non destinées à la publication.
  • Il est stupéfiant de dire que « d’autres chercheurs et spécialistes » (en dehors de Christopher Tolkien) « complètent et corrigent des textes [de J.R.R. Tolkien] qui sont encore incomplets » (p. 133) et qui n’ont « pas encore été mis à disposition du public », comme le prétend Martin Vagneur.
  • Il est tout aussi faux de dire (ce qui est répété p. 133, 135 et p. 137) que des traducteurs ont consulté « tous les carnets de Tolkien, toutes ses recherches », et ont eu « l’opportunité extraordinaire d’avoir accès à autant de matière première, laissée comme ça en friche par un auteur après sa mort » (sic).

Il s’agit d’une confusion entre les archives de J.R.R. Tolkien, publiées dans une vingtaine de livres par Christopher Tolkien (et par quelques chercheurs sous sa direction) ; et les archives de ce dernier, auxquelles Vincent Ferré a eu accès sur décision de Christopher Tolkien et de son Estate, dirigé par Mme Baillie Tolkien, qui n’est pas que « sa veuve » (sic, p. 135).

Cela a permis à V. Ferré de faire paraître chez Bourgois des éditions comportant des exclusivités mondiales, sans équivalent, même en anglais – comme les Etymologies ou les nouvelles éditions du Silmarillion et des Contes et légendes inachevés

  • Concernant l’édition illustrée du Seigneur des Anneaux publiée en 2023 : il est faux de dire que J.R.R. Tolkien avait envisagé cette édition (p. 133 et 134), puisque la plupart des dessins et cartes n’étaient pas destinés à paraître. 
  • Ce n’est pas non plus la « première édition intégrale de la nouvelle traduction de Daniel Lauzon » (p. 134) : celle-ci a déjà été publiée sous la direction de Vincent Ferré en 2014-2016. Si par « intégrale », il faut comprendre l’intégralité du texte et des appendices en un seul volume, la « première édition » est alors en réalité celle des éditions Pocket, en 2018.
    L’intervention de Martin Vagneur en 2023 a consisté à ajouter un index dont de nombreux lecteurs ont noté à quel point il est problématique – de même qu’il existe des problèmes remarqués dans ses rééditions des Contes Perdus, de la biographie de J.R.R. Tolkien par Carpenter ou encore dans Les Enfants de Húrin et La Chute de Gondolin (disparition ou altération de cartes et de documents iconographiques, entre autres).

On pourrait multiplier les exemples, dont certains concernent aussi Christopher Tolkien, qui se serait « [lamenté] que Le Seigneur des Anneaux n’appartienne plus exclusivement à son père » (p. 134) alors qu’il a consacré la moitié de sa vie à partager l’œuvre de J.R.R. Tolkien avec des lecteurs du monde entier.

Ou encore : la description du processus d’écriture par J.R.R. Tolkien (p. 131), qui est inexacte : il suffit de lire les volumes de L’Histoire de la Terre du Milieu de Christopher Tolkien (5 vol. sur 12 publiés chez Bourgois) pour s’en rendre compte, ou d’ouvrir le catalogue de l’exposition Tolkien : Voyage en Terre du Milieu (dir. V. Ferré et F. Manfrin, éd. Bourgois / BnF, 2019).

Sans oublier : L’effet de la célébrité sur J.R.R. Tolkien n’est pas du tout celui décrit p. 131. Il est faux de dire que les courriers des lecteurs représentaient un poids pour lui, ou encore qu’une bonne partie était « inquisitifs » : il suffit de lire les Lettres de J.R.R. Tolkien (éd. Bourgois, traduction V. Ferré et D. Martin, 2005) pour s’en rendre compte, ou la Biographie par Carpenter (rééd. par V. Ferré chez Bourgois, 2003 puis réédité récemment). 

La réécriture de cette aventure éditoriale se fait par l’invisibilisation du nom de Vincent Ferré, et l’appropriation de ses contributions, effectuées pendant vingt années au service d’une collection qu’il dirigeait, qui ont permis une augmentation spectaculaire du chiffre d’affaires, en particulier ces dernières années.

Vincent Ferré a assuré ces fonctions – de directeur de collection, de concepteur d’ouvrages, de traducteur – de manière continue à la demande de Christian et Dominique Bourgois, puis des actionnaires de la société Bourgois éditeur (2019-2022), avant que ces derniers décident, quelques mois avant la vente de l’entreprise, de cesser brusquement d’exécuter les contrats les liant et de l’évincer purement et simplement – refusant de lui payer plusieurs années de travail.

Vincent Ferré a donc été contraint de saisir les tribunaux afin de faire valoir ses droits : une procédure judiciaire est en cours. Cette interview à Géo lui apparait comme une nouvelle provocation, et lui impose de sortir de la réserve à laquelle il s’est tenu jusque-là.

Paris, le 23 octobre 2024 – texte mis en ligne le 4 novembre 2024

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