«Tolkien et le Moyen-Age, ou l’arbre et la feuille» (1998-2000)
Cet article s’intéresse aux rapprochements que le lecteur fait spontanément entre l’œuvre de Tolkien et le Moyen Age, la littérature médiévale ou les représentations que nous en possédons; examinant successivement les sources médiévales de Tolkien, la question du merveilleux, mais également celles des personnages, de l’aventure et la quête, il tente de justifier des rapprochements qui semblaient, de prime abord, intuitifs.
Pour des raisons de droits, cet article ne peut être consulté en ligne, à l’exception de son introduction. Vous le trouverez en intégralité dans le livre de Michèle Gally (dir.), La Trace médiévale et les écrivains d’aujourd’hui, Paris, P.U.F., 2000, pp. 121-141.
Dans la mesure où il a été rédigé en 1998, certaines analyses doivent être nuancées et mises en regard de Tolkien. Sur les rivages de la Terre du Milieu, où elles ont parfois été modifiées.
Pour toute question ou réaction, vous pouvez me contacter à cette adresse: ferretolk@hotmail.com
Voici les premières lignes de cet article :
Tolkien et le Moyen-Age, ou l’arbre et la feuille
« Peut-on légitimement rapprocher de la littérature médiévale un auteur anglais du XXe siècle qui ne semble pas entretenir un rapport de filiation étroit avec cette littérature, en particulier avec son versant français ? Comment, par exemple mettre en perspective Chrétien de Troyes et Tolkien ? Cet article s’appuie sur un travail qui portait sur Le Chevalier au Lion de Chrétien de Troyes et Le Seigneur des Anneaux de J.R.R. Tolkien, travail au cours duquel s’était posé ce problème de méthode.
Nous examinerons ici, sans prétendre à l’exhaustivité, quelques aspects qui rattachent l’oeuvre de Tolkien (Le Seigneur des Anneaux et Bilbo le Hobbit, principalement), très connue mais peu étudiée en France, au Moyen-Age, à sa littérature, sa tradition mythologique, aux représentations que nous en avons construites. Il s’agira, tout en gardant à l’esprit que s’opère un travail de transformation des apports médiévaux, de dégager certains points communs qui ne sont pas évidents mais expliquent le sentiment de familiarité qu’éprouve le lecteur habitué aux récits médiévaux lorsqu’il découvre Le Seigneur des Anneaux. Ce dernier s’appréhende en effet à travers le filtre d’un certain nombre de représentations héritées de ces textes (plutôt la littérature arthurienne et La Chanson de Roland que Beowulf ou les sagas islandaises, dans le cas d’un lecteur français), connus par fréquentation directe ou passés dans notre imaginaire ; entre eux et Tolkien l’esprit du lecteur opère plus ou moins consciemment un travail de va-et-vient.
Il s’agit donc d’essayer de dépasser cette impression de lecture, qui semble recevable et rendrait déjà légitime le rapprochement entre Tolkien et le Moyen-Age, pour tenter de le justifier d’une façon plus précise et objective, à partir de faits, en examinant successivement les sources médiévales de Tolkien, l’opposition entre dimension merveilleuse et affirmation de la véridicité du récit (ce qui nous amènera à envisager la question de la Fantasy) enfin en étudiant (rapidement) des éléments plus simples, comme les personnages, ainsi que les motifs de l’aventure et la quête. »