Paru le 1er octobre 2004 chez Christian Bourgois Editeur
Ce livre est né à la fois de demandes de lecteurs, qui souhaitaient que soit poursuivi le travail de Tolkien, Sur les rivages de la Terre du Milieu ; et de la journée d’étude proposée lors d’une « semaine Tolkien » à Rennes, en avril 2003. Six des sept interventions de la journée d’étude ont été reprises, retravaillées, et paraissent aux côtés d’autres articles universitaires, parmi lesquels ceux de T. Shippey, V. Flieger ou Th. Honegger, trois des plus importants critiques anglophones actuels, et de deux entretiens (avec Christian Bourgois et John Howe).
attention : dans certaines librairies, ce livre peut apparaître, par erreur, sous le titre Colloque Tolkien, sans nom d’auteur, ou être rangé dans le rayon « essais, critique ». Des mesures ont été prises pour corriger cette erreur, mais n’hésitez pas à me contacter en cas de problème : ferretolk@hotmail.com
- Quatrième de couverture
- Table des matières
- Couverture
- Résumés des articles
- A propos des auteurs
Quatrième de couverture
Ce recueil, comprenant une quinzaine d’articles et des entretiens avec Christian Bourgois et John Howe, est destiné aux lecteurs désireux de mieux comprendre l’univers de Tolkien, ainsi qu’aux étudiants et aux chercheurs intéressés par une œuvre encore peu étudiée en France.
Des auteurs venus d’horizons divers (littérature, histoire, études cinématographiques, etc.), dont trois des meilleurs spécialistes étrangers actuels (Tom Shippey, Verlyn Flieger, Thomas Honegger), proposent des analyses sur l’histoire de l’œuvre de Tolkien en France, sur le réseau des langues inventées par l’auteur, sur des épisodes-clés (la Moria, le Miroir de Galadriel, les énigmes de Bilbo le Hobbit) ou sur des textes moins connus (L’Histoire de la Terre du Milieu ou Feuille, de Niggle) ; d’autres articles examinent la question du Mal (ses représentations, ses frontières) et le rôle des monstres dans Le Seigneur des Anneaux, la place de Tolkien dans le genre de la Fantasy moderne, anglaise et française, ou encore la transposition du texte en image – par Peter Jackson, pour son adaptation cinématographique, ou par John Howe, le célèbre illustrateur.
Ces articles, regroupés en quatre parties (« Confluences », « L’arbre et ses branches », « L’Ombre noire », « Tolkien et les arts »), peuvent être lus séparément ou vus globalement comme un état actuel des études en langue française sur l’œuvre de J.R.R. Tolkien.
Table des matières
Introduction
Vincent Ferré :
« La réception de J.R.R. Tolkien en France, 1973-2003 : quelques repères »
Christian Bourgois :
Entretien avec l’éditeur français de J.R.R. Tolkien
I. Confluences
Jean-Philippe Qadri :
« “…un concours avec nous, mon trésor !” : étude du tournoi d’énigmes entre Bilbo et Gollum »
Charles Delattre :
« Du Cycle de l’anneau au Seigneur des Anneaux »
Paul Airiau :
« La chute de Gandalf dans la Moria »
Laurent Alibert :
« L’influence indo-européenne en Arda et ses limites »
II. L’arbre et ses branches
Thomas Honegger :
« De l’occidentalien à l’anglais moderne : le traducteur et le réseau de langages tolkienien »
Michaël Devaux :
« Rétablir le mythe : le statut des textes de L’Histoire de la Terre du Milieu »
Jérôme Bouron :
« Feuille, de Niggle, image dans le tapis de la Faërie ? »
III. « L’Ombre noire »
Tom Shippey :
« Orques, Spectres de l’Anneau et Êtres-des-Galgals : les représentations du mal chez Tolkien »
Fabienne Claire Caland :
« Les frontières du mal dans Le Seigneur des Anneaux »
Verlyn Flieger :
« Frodo et Aragorn : le concept du héros »
Guido Semprini :
« Tolkien et le racisme »
IV. Tolkien et les arts
Hervé Aubron :
« Puissances de la grisaille et enfance perdue. Allers et retours entre Tolkien et son adaptation par Peter Jackson »
Jean Cléder :
« La Communauté de l’Anneau, de J. R. R. Tolkien à P. Jackson : Une exécution ratée ? »
Entretien avec John Howe
Anne Besson :
« La Terre du Milieu et les royaumes voisins : de l’influence de Tolkien sur les cycles de fantasy contemporains »
Résumés des articles
Notices biographiques
Table des matières
Tolkien, 30 ans après (sous la dir. de Vincent Ferré)
Résumés des articles et des entretiens
Paul Airiau, «La chute de Gandalf dans la Moria»
Le récit par Gandalf de sa chute dans la Moria est marqué par de nombreuses références bibliques et spirituelles: la Genèse, l’Exode, le Premier livre de Samuel, le Premier livre des Rois, l’Apocalypse, la Première lettre aux Corinthiens, saint Jean de la Croix. L’image la plus forte – outre la présence de la Vierge – est celle de l’Escalier sans fin, élément structurant du récit. Ces éléments précisent le statut de Gandalf, qui présente de forts traits christiques. Cependant, si Tolkien utilise des référents chrétiens pour construire son œuvre mythologique, l’absence de tout décalquage immédiatement lisible et le brouillage des éléments soulignent la particularité de son entreprise: une sub-création mytho-poétique qui donne à voir le préchrétien ou le naturellement chrétiendans le païen.
Laurent Alibert, «L’influence indo-européenne en Arda et ses limites »
Il s’agit ici d’examiner quelques exemples montrant l’influence de structures propres à l’idéologie indo-européenne, sans doute héritées plus ou moins consciemment car inhérentes à la culture philologique de J.R.R. Tolkien via la fréquentation de textes mythiques aux racines indo-européennes très fortes, tels que les Eddas, les branches du Mabinogi gallois ou même Beowulf. Sont analysées les résurgences d’une croyance populaire héritée de l’idéologie indo-européenne (le problème de la terre gaste) ou des échos d’ordre structurel (la tripartition chez les Elfes); toutefois, prendre en considération l’empreinte du christianisme dans l’œuvre amènera à souligner les limites de cette influence.
Hervé Aubron, «Puissances de la grisaille et enfance perdue. Allers et retours entre Tolkien et son adaptation par Peter Jackson »
L’adaptation cinématographique du Seigneur des Anneaux par Peter Jackson permet, jusque dans ses limites et ses ratés, d’expérimenter les puissances visuelles du texte-monde de Tolkien. Si l’on adopte une approche plus plastique que narrative, les films de Jackson révèlent entre autres la «couleur» paradoxale du roman, une grisaille dans laquelle se confondent début et fin, toujours prête à basculer. Si la mythologie cinéphile peut se projeter dans l’ample et neutre geste de Tolkien, elle l’éclaire aussi en retour, notamment sur la notion d’enfance perdue. Enfances perdues de Frodo, mais aussi du monde, de la littérature et du cinéma: comment est-il encore possible d’écrire un récit épique au milieu du désenchanté XXe siècle, de faire du cinéma de genre à son terme?
Anne Besson, «La Terre du Milieu et les royaumes voisins : de l’influence de Tolkien sur les cycles de fantasy contemporains»
L’importance de l’œuvre de Tolkien ressort clairement de son impact sur les grands cycles de fantasy qui ont suivi. L’article propose une approche de cette influence, sur un corpus très ample comprenant notamment les ouvrages d’Eddings, Williams, Jordan, Feist, Kay, Kurtz… Au-delà de la reprise souvent massive de personnages, de thèmes ou de schémas d’intrigue, l’héritage de Tolkien se lit dans une ambition commune – l’exploration d’un univers fictionnel autre et complet – et dans ses traductions structurelles : sur de nombreux volumes, les cycles s’efforcent par exemple d’asseoir leur valeur «documentaire» sur des cartes géographiques ou des annexes directement inspirées du modèle tolkienien.
Christian Bourgois, entretien
L’éditeur français de J.R.R. Tolkien évoque les circonstances de la publication de cette œuvre, les premiers succès du Seigneur des Anneaux, les traducteurs successifs de l’œuvre de Tolkien, mais également, plus généralement, sa propre relation avec les auteurs figurant à son catalogue. L’entretien éclaire une partie de l’histoire de l’édition française de ces dernières décennies. [V.F.]
Jérôme Bouron, «Feuille, de Niggle, image dans le t[->]apis de la Faërie? »
Ce travail souhaite identifier quelques-uns des enjeux des textes de l’œuvre polymorphe de J.R.R Tolkien à travers le prisme d’une seule nouvelle, qui peut être vue comme un testament poétique préalable, Leaf by Niggle. Les multiples interprétations auxquelles elle se prête révèlent-elles une dimension autobiographique? Que nous apprend cette nouvelle sur la dimension chrétienne de l’œuvre de Tolkien, entre sous-création et «rédemption»? Quelle poétique est élaborée etmise en abyme? Comment entendre cette tension entre l’attention extrême du détail et le regard qui englobe l’œuvre entière? Cette production, ce tableau devenu jardin, n’est-ce pas la réponse la plus humble mais aussi la plus efficace aux accusations voilées d’improductivité de la littérature? La Fantasy ne serait-elle donc pas la source même de la littérature, et non une voie déviante et marginale?
Fabienne Claire Caland, «Les frontières du mal dans Le Seigneur des Anneaux»
Omniprésent et protéiforme, le mal tente de pervertir les êtres de la Terre du Milieu. Détruire l’Anneau, pour Frodo et ses compagnons, reviendrait à annuler cette présence diabolique et, en contrepartie, à souligner des valeurs positives qui, jusque là, étaient en dormance. Pour saisir pleinement les implications du sujet, il convient de le mettre dans la perspective de l’entreprise tolkienienne, à savoir la relation entre le système langagier, les êtres et l’espace. En plus d’une langue propre, le parler noir, de serviteurs comme Sauron, le mal – incarné originellement par Melkor dans Le Silmarillion – a un espace propre, le Mordor. A partir de ce point stratégique, il tend à se répandre, à rendre visible sa domination par l’abolition des frontières. Nous verrons que, parmi les méthodes utilisées, l’ombre et l’Œil, sont les plus frappantes; il conviendra également de saisir la façon dont le monde tolkienien est façonné par le mal. C’est dire, avec René Girard, l’importance de la contagion impure dans cette «sous-création».
Jean Cleder, «La Communauté de l’Anneau de J. R. R. Tolkien à P. Jackson : Une exécution ratée ?»
Prenant appui sur la déception de la critique à la sortie du film de Peter Jackson, on s’efforce ici de reconsidérer le problème de l’adaptation cinématographique en fonction de deux paramètres : l’appartenance générique de l’œuvre de Tolkien et la singularité de son univers fictionnel écartent par avance la possibilité de réussir une adaptation classique. Mais si l’on examine la préparation du tournage de Peter Jackson, où se multiplient les médiations entre le texte littéraire et le produit cinématographique terminal (depuis l’exécution des objets et des décors jusqu’à la prévisualisation, en passant par l’extension d’une iconographie intermédiaire), on est conduit à envisager le travail d’adaptation non plus en termes de continuité (avec une œuvre unitaire) mais en termes de décomposition, de rupture (avec le texte, et avec l’idée d’une propriété de l’œuvre) et d’invention: si Peter Jackson n’adapte pas convenablement le roman de Tolkien, c’est parce que Le Seigneur des Anneaux n’a pas de propriétaire personnel.
Charles Delattre, « Du Cycle de l’anneau au Seigneur des Anneaux »
Le récit de Tolkien s’inscrit dans un vaste ensemble de récits et de rituels communs au continent eurasiatique qui s’organisent suivant un scénario fixe, où l’on voit le possesseur d’un anneau d’or jeter celui-ci au fond des eaux, puis le retrouver. Ce cycle se retrouve dans Le Seigneur des Anneaux et en ordonne la composition. Des forges d’Eregion à la Crevasse d’Orodruin, l’Anneau unique accomplit un parcours circulaire où origine et fin se confondent. A l’intérieur de ce premier cycle s’en dessine un deuxième : des mains d’Isildur à celles de Deagol, l’Anneau suit un cycle plus restreint suivant des modalités qui font très précisément écho aux plus anciens récits grecs sur l’anneau. Une scène en apparence anodine constitue une étape cruciale dans le cycle, car elle fait courir au roman le risque d’une fin prématurée : en mettant l’anneau et l’eau au contact l’un de l’autre, le miroir de Galadriel fait surgir tant pour Galadriel que pour Frodo la tentation de se substituer à Sauron, mais aussi pour Tolkien la tentation de mettre un terme brutal à la quête et de clore le cycle de ce Ring.
Michaël Devaux, «Rétablir le mythe. Le statut des textes de L’histoire de la Terre du Milieu »
L’histoire du projet du « Silmarillion », plus imposante et moins étudiée à ce jour que celles du Seigneur des Anneaux ou de Bilbo le Hobbit, oblige au passage en revue de la série de L’histoire de la Terre du Milieu. Puisqu’il s’agit de dépasser la simple exposition factuelle et historique, cet article s’interroge sur la méthode à proposer pour aborder et comprendre ce vaste ensemble de textes. À quelle condition sa lecture en simple curieux peut-elle conduire à engager une interprétation de l’œuvre de Tolkien ? Comment penser les types de variations de son écriture (duplication, scission, ré-attribution, ennoblissement) ? Ces variations affectent d’ailleurs, pour le « Silmarillion », aussi bien le fond que la forme puisque son projet adopta le style antique, puis le style des annales, et enfin le style philosophique. Nous proposons, in fine, de lire plusieurs niveaux de variations sous les catégories d’originel, d’original, d’originaire et de fondamental à partir de l’exemple de l’Ainulindalë.
Vincent Ferré, « La réception de J.R.R. Tolkien en France, 1973-2003: quelques repères »
L’étude de la réception de Tolkien en France, à travers les médias et les réactions de critiques ou du monde universitaire, montre l’étroit lien existant entre l’ordre de publication des textes (ou l’absence de traduction) et l’image de l’auteur : Tolkien n’est encore considéré que comme l’auteur d’un seul livre, la nature cyclique de son œuvre comme le lien entre ses travaux universitaires et ses textes fictionnels demeurant mal connus. Cet article examine tout d’abord les circonstances de la publication de cette œuvre et la manière dont Christian Bourgois Editeur a comblé, dans les années 1970-1980, le retard français, sans que cet effort puisse se poursuivre dans la décennie suivante, faute de traducteurs. Le caractère discontinu et incomplet de ces parutions a eu des incidences sur l’image de Tolkien dans le monde francophone, comme en témoigne le discours des médias. D’abord saluée pour son caractère exceptionnel, l’œuvre est mal identifiée (fantastique ? littérature de jeunesse ?) et parfois accusée de véhiculer une idéologie réactionnaire. Le véritable tournant s’est produit en 2001, l’adaptation cinématographique de P. Jackson ayant attiré l’attention des médias et du grand public sur un auteur qui, s’il était très lu en France, ne possédait pas encore de place reconnue. Les années 2001-2003 sont ainsi marquées à la fois par un impressionnant succès en librairie, un regain de l’intérêt universitaire pour Tolkien, une multiplication de publications sur cet auteur et la reprise du cycle de parutions par son éditeur français.
Verlyn Flieger, «Frodo et Aragorn : le concept du héros » (trad. de Pascal Aubin)
Cet article fondateur, l’un des premiers à interroger la relation du Seigneur des Anneaux avec la tradition médiévale, compare les deux types de héros de ce récit, le héros épique (Aragorn) et le héros de conte de fées (Frodo). Leur rapprochement fait ressortir leurs différences, mais également leurs ressemblances et le croisement des deux modèles (qui se complexifient par la superposition avec deux figures essentielles, le roi «méhaignié» et le roi guérisseur). Cette analyse débouche sur une réflexion sur les relations entre le héros et le monstre, à la lumière de l’essai de Tolkien sur Beowulf. [V.F.]
Thomas Honegger, «De l’occidentalien à l’anglais moderne : le traducteur et le réseau de langages tolkienien» (trad. de Daniel Lauzon)
En choisissant de présenter Le Seigneur des Anneaux comme une traduction de l’occidentalien originel vers l’anglais moderne, Tolkien fut amené à poursuivre cette démarche et à reproduire les relations existant entre les différentes langues de la Terre du Milieu par le biais de transpositions linguistiques (par exemple: rohirique=vieil anglais, langue de Val=vieux norrois). Le «réseau de langages» qui en résulte, structure d’une grande complexité qui n’atteint pas toujours une parfaite cohérence, pose un défi supplémentaire à tous les traducteurs.
John Howe, entretien
Son illustrateur le plus célèbre revient sur rapport à Tolkien et réfléchit au lien entre réalisme et suggestion d’une part, entre profondeur historique et création d’autre part, ainsi qu’au rapport entre l’illustration et le lecteur, avant de préciser ses techniques de travail et les conséquences sur son propre travail de sa participation à l’adaptation cinématographique de Peter Jackson. [V.F.]
Jean-Philippe Qadri, «“ … un concours avec nous, mon trésor ! ” : étude du tournoi d’énigmes entre Bilbo et Gollum»
Alors que Le Seigneur des Anneaux bénéficie d’une image «adulte» de par l’ampleur épique du conte et la gravité des thèmes abordés, Bilbo le Hobbit demeure cantonné dans le genre du conte de fées pour enfants, ce qu’il est à l’origine. Pour autant, penser que le succès mondial et jamais démenti jusqu’à présent de Bilbo le Hobbit ne repose sur aucune qualité littéraire, ou bien juger simpliste sa construction, serait passer à côté de richesses insoupçonnées. Un épisode célèbre, la rencontre de Bilbo et Gollum dans le cinquième chapitre de Bilbo le Hobbit, le montre bien. L’étude se développe en trois temps : présentation de la longue histoire du chapitre «Énigmes dans l’obscurité», qui apparaît inextricablement liée à la rédaction du Seigneur des Anneaux; examen, parmi toutes les sources mythologiques possibles centrées sur un combat d’énigmes celles qui pourraient expliquer le cadre et les enjeux de la rencontre entre Bilbo et Gollum; mise en évidence d’une structure dans l’enchaînement des dix énigmes du «tournoi», laquelle structure se révélera être une véritable clé expliquant les deux personnages.
Guido Semprini, «Tolkien et le racisme»
Pour bien lire Le Seigneur des Anneaux, il faut comprendre la fonction métaphorique (déjà décelée par Tolkien dans le poème vieil anglais Beowulf) des monstres qui le peuplent. Mettant en scène des créatures figurant la part obscure de l’homme, les Orques, Le Seigneur des Anneaux raconte au moyen d’un langage métaphorique un combat aussi bien intérieur qu’extérieur, celui de tout homme. Pour les personnages du livre, ce combat trouve son issue dans la découverte et l’acceptation de l’étranger. A travers Le Seigneur des Anneaux, Tolkien, qui méprisait l’idéologie raciste, prône la réconciliation générale des différentes cultures humaines et signe un grand livre anti-raciste.
Tom Shippey, «Orques, Spectres de l’Anneau et Êtres-des-Galgals : les représentations du mal chez Tolkien » (trad. de Céline Leroy)
Partant, comme à son habitude, de l’étymologie des termes, T. Shippey apporte une nouvelle fois la preuve que les lectures «manichéennes» de Tolkien ne sont pas fondées, l’œuvre de C.S. Lewis étant convoquée de manière systématique, en contre-point, pour éclairer celle de son ami. L’exemple des Orques, en particulier, montre que les créatures mauvaises ne mettent pas en conformité, pour de mauvaises raisons, leurs actions avec ce qui leur semble être le bien. Sont également envisagés la possibilité d’«appliquer» la figure des Esprits au monde moderne et les modalités de la tentation du bien. [V. F]
Notices biographiques :
Il est in[->]utile de présenter Christian Bourgois, l’éditeur français de Tolkien depuis trente ans, ainsi que John Howe, l’un des illustrateurs les plus célèbres de l’œuvre de J.R.R. Tolkien. On trouvera donc ci-dessous un rappel biographique concernant les auteurs des autres contributions à ce recueil: Paul Airiau, Laurent Alibert, Hervé Aubron, Anne Besson, Jérôme Bouron, Fabienne Claire Caland, Jean Cleder, Charles Delattre, Michaël Devaux, Verlyn Flieger, Thomas Honegger, Jean-Philippe Qadri, Guido Semprini et Tom Shippey
Paul AIRIAU. Ancien pensionnaire de la Fondation Thiers, docteur en histoire. A notamment publié L’Église et l’Apocalypse du XIXe siècle à nos jours (2000)et L’antisémitisme catholique en France, XIXe-XXe siècles (2002).
Laurent ALIBERT a préparé à Warwick (Angleterre) une maîtrise sur J.R.R. Tolkien, soutenue à l’université Paris X en 2002. Musicien, il partage son temps entre l’étude de son instrument et celle de la littérature. Il collabore à jrrvf.comet envisage de travailler sur un DEA de littérature générale et comparée autour de Tolkien et du poète français Yves Bonnefoy.
Hervé AUBRON. Journaliste et critique de cinéma, membre depuis 1996 du comité de rédaction de la revue Vertigo (esthétique et histoire du cinéma, Images en manœuvres Éditions). Prépare une thèse sur la notion de Kitsch au cinéma.
Anne BESSON. Maître de Conférences en Littérature Générale et Comparée à l’Université d’Artois (Arras), Anne Besson a soutenu en 2001 une thèse intitulée A suivre : cycles romanesques en paralittérature contemporaine, domaines français et anglo-saxon portant entre autres sur Asimov et Tolkien et publié des articles sur la littérature contemporaine, la fantasy et la science-fiction.
NEW : novembre 2004 : Anne Besson publie D’Asimov à Tolkien. Cycles et séries dans la littérature de genre (CNRS Editions). Informations ICI.
Jérôme BOURON. Allocataire de recherche et doctorant en littérature générale et comparée à Paris 3 – Sorbonne Nouvelle, Jérôme Bouron travaille principalement sur les rapports entre économie et littérature (sa thèse porte sur Économie des périodiques en Europe – 1700-1750). Auteur de plusieurs articles, il a en particulier publié une édition critique des Lettres sur les habitants de Paris de Marivaux (2002).
Fabienne Claire CALAND. Docteur ès lettres, chargée de cours en littérature comparée à l’Université de Limoges, elle enseigne la littérature fantastique à l’UQAM (Université du Québec à Montréal). Ses domaines de recherche concernent les mythes ethno-religieux, la littérature et les mythes littéraires avec, pour orientation plus spécifique, le traitement de l’espace en tant que thème influent dans certaines formes narratives. C’est pourquoi l’œuvre tolkienienne, de la cosmogonie (Le Silmarillion) à l’épopée (Le Seigneur des Anneaux), est au cœur de sa réflexion, non seulement dans sa thèse mais aussi dans divers articles portant sur la naissance du monde selon Tolkien ou encore sur la figure majeure de Sméagol-Gollum.
Jean CLEDER. Maître de conférences en littérature générale et comparée (Université Rennes II), Jean Cleder travaille en particulier sur les rapports entre littérature et cinéma : il a publié entre autres Nouvelle vague, nouveaux rivages (en codirection, 2001), Marguerite Duras, entre littérature et cinéma. Trajectoires d’une écriture (2003) et Proust et les images (en co-direction avec Jean-Pierre Montier, 2003).
Charles DELATTRE. Maître de conférences en grec ancien (Université Paris X-Nanterre), Charles Delattre a consacré sa thèse aux Figures de Minos dans l’imaginaire antique ; ses recherches concernent sur la mythologie grecque, en particulier le cycle de l’anneau et le motif du plongeur.
Michaël DEVAUX. Agrégé de philosophie, ancien pensionnaire de la Fondation Thiers, Michaël Devaux achève une thèse d’histoire de la philosophie sur la métaphysique leibnizienne à l’Université Paris IV – Sorbonne. Auteurs d’articles sur Descartes et Leibniz. Collaborateur de la Bibliographie cartésienne 1960-1996 (2003). Président d’une association consacrée à l’étude de l’œuvre de Tolkien, «La Compagnie de la Comté», qui édite La Feuille de la Compagnie (2001 et 2003). Ses études sur Tolkien s’attachent principalement aux dimensions philosophique et théologique de cette œuvre.
Pour plus de reseignements sur la Compagnie de la Comté, voir www.jrrvf.com.
Vincent FERRÉ. Maître de Conférences en Littérature Générale et comparée à l’Université Paris XIII. Sa recherche porte principalement sur le roman moderne (1910-1950), en particulier M. Proust, H. Broch et J. Dos Passos. Il a consacré sa thèse de doctorat à l’essai fictionnel dans leurs œuvres et rédigé plusieurs articles sur ces auteurs. Sur J.R.R. Tolkien, qui constitue son second domaine de recherche, il a publié des articles ainsi que Sur les Rivages de la Terre du Milieu (2001), une analyse portant en particulier sur la mort dans Le Seigneur des Anneaux. Il a travaillé sur des expositions de John Howe, des journées d’étude (Rennes, Bibliothèque nationale) et est en charge de la publication des éditions de J.R.R. Tolkien chez Christian Bourgois Editeur, en collaboration avec les traducteurs Christine Laferrière, Daniel Lauzon, Céline Leroy, Elen Riot et Delphine Martin.
Verlyn FLIEGER est Professeur (Professor of English) à l’université du Maryland, où elle délivre des cours sur la littérature médiévale, l’œuvre de Tolkien et la mythologie comparée. Verlyn Flieger est l’auteur de Splintered Light (1983), ouvrage qui a reparu en 2002 dans une édition revue et augmentée, ainsi que de A Question of Time (1997) – deux analyses des symboles et des images présents dans les œuvres de Tolkien. Elle a co-édité (avec Carl Hostetter), Tolkien’s Legendarium : Essays on The History of Middle-earth (2000) ; en collaboration avec Douglas A. Anderson et Michael Drout, elle dirige Tolkien Studies, publication annuelle consacrée à la recherche universitaire sur J.R.R. Tolkien. Son prochain livre sur cet auteur, Interrupted Music: Tolkien’s Making of a Mythology, paraîtra en 2005. V. Flieger a également publié de nombreux articles sur CS Lewis, E.R. Eddison et Charles Williams.
Thomas HONEGGER. Professeur de littérature médiévale à l’université Friedrich-Schiller de Jena (Allemagne), titulaire d’un doctorat de l’université de Zurich, où il a enseigné le vieil anglais et le moyen anglais, Thomas Honegger est l’auteur de From Phoenix to Chauntecleer: Medieval English Animal Poetry (1996) et a dirigé des ouvrages collectifs: News from the Shire and Beyond–Studies on Tolkien (1997, en collaboration avec Peter Buchs), Root and Branch–Approaches towards Understanding Tolkien (1999), Authors, Heroes and Lovers (2001), Tolkien in Translation (2003), Riddles, Knights, and Cross-Dressing Saints (2004) et Translating Tolkien (2004). Outre ses ouvrages sur Tolkien, il s’est intéressé à Chaucer et à Shakespeare, à la pragmatique historique et à la littérature courtoise du Moyen-Âge.
Jean-Philippe QADRI. Agrégé de physique, Jean-Philippe Qadri enseigne en classe préparatoire PCSI au lycée Bertran de Born à Périgueux et participe au forum de «jrrvf.com». Il cherche en particulier à mettre en évidence les techniques narratives (rhétorique, intertextualité, répétitions) et leur rôle dans le Légendaire de Tolkien; s’appuyant le plus souvent sur des parallèles bibliques, littéraires ou poétiques externes ou internes au Conte d’Arda, ses interventions oscillent entre l’étude littéraire et une lecture théologique des textes.
Guido SEMPRINI. Avocat, Guido Semprini collabore au site«jrrvf.com », de Cédric Fockeu.
Tom SHIPPEY. Après avoir occupé celle de Tolkien à l’université de Leeds (Langue anglaise et littérature médiévale anglaise), Tom Shippey occupe actuellement la chaire Walter J. Ong (Sciences humaines) à l’université de Saint-Louis (USA). Il est l’auteur de The Road to Middle-earth (1982, nouvelle éd.: 1992) et de nombreux articles et conférences sur les œuvres de Tolkien ; il a également beaucoup publié sur les littératures médiévales et en vieil anglais. Il a dirigé ou co-dirigé l’édition de plusieurs anthologies de fantasy et de science-fiction, parmi lesquelles The Oxford Book of Fantasy Stories (1994).